Le castor européen (Castor fiber)

Visuel arbre castor
Visuel castor

Qui est le castor ?

Le castor est le plus grand rongeur d’Europe, c’est un mammifère semi-aquatique qui est parfaitement adapté à la vie dans l’eau : il a une large queue plate et écailleuse et les pattes arrière palmées.

Il a bien compris l’adage « pour vivre heureux, vivons cachés ». Il fait, en général, des huttes dont l’entrée se fait sous l’eau, mais il peut également se creuser des terriers dans les berges. Nous reviendrons sur ces points plus tard.

C’est donc un gros rongeur. À taille adulte, il fait en moyenne de 110 à 120cm de long et pèse entre 18 et 30kg. C’est un animal principalement nocturne, qui dispose d’une excellente ouïe et d’un très bon odorat, mais pas d’une très bonne vue. Il a une fourrure épaisse, souvent de couleur brune et très dense. Il est un peu pataud sur terre, mais dans l’eau il est dans son élément grâce à ses pattes arrière palmées et sa queue qui lui sert de propulseur et de gouvernail. Habituellement, il peut plonger sous l’eau de 2 à 5 minutes, mais en cas de danger ou d’urgence il est capable de diminuer son rythme cardiaque et, ainsi, rester immergé jusqu’à 15 minutes !

On peut éventuellement le confondre avec d’autres espèces comme le rat musqué ou le ragondin. Le critère le plus déterminant est la queue. Celle du ragondin et du rat musqué est en longueur, comme une saucisse, alors que celle du castor est vraiment aplatie.

Historiquement présent en Europe

Le castor est historiquement présent en Europe. Il a été chassé de manière intensive pour sa viande et ses sécrétions jusqu’à disparaitre complètement de nos contrées au 19e siècle.

À la fin du 20e siècle, il y a une trentaine d’années, des réintroductions ont eu lieu en Allemagne et des individus ont passé la frontière pour venir s’établir en Belgique. Ensuite, des réintroductions clandestines ont également eu lieu en Belgique. Ces actes, illégaux, ont fait l’objet de condamnations, mais cela a permis aux castors de bien se réimplanter sur différents bassins versants en Wallonie, et principalement en Ardennes et dans les Hautes Fagnes.

Aujourd’hui, les zones de prédilection du castor étant arrivées à saturation, ce dernier cherche à coloniser de nouveaux territoires, et c’est par chez nous qu’il arrive : les bassins de la Dendre, de la Haine et de l’Escaut-Lys.

En quoi est-ce un animal intéressant ?

Le castor est historiquement présent en Wallonie. De ce fait, il fait partie intégrante de la faune wallonne. En ces temps de dérèglement climatique, d’inondations, de sècheresse, d’urbanisation, d’invasion d’espèces exotiques … on peut se réjouir du retour d’une espèce aussi emblématique dans nos contrées.

Il a un impact sur son environnement, principalement lorsqu’il construit des barrages, ce qu’il ne fait pas systématiquement comme nous le verrons plus loin. Cependant, il constitue 

un très bon allié de la biodiversité et des cours d’eau :

  • il recrée des plans d’eau et des zones humides,
  • il contrôle le reboisement naturel,
  • il crée des zones de stockage d’eau,
  • il a un impact sur la qualité de l’eau, les poissons, les invertébrés, etc.  

Une espèce protégée

Le castor bénéficie d’un haut statut de protection. La directive européenne, portant sur la protection des habitats et des espèces d’intérêt communautaire (Natura 2000), impose une protection stricte du castor. En Wallonie, il est donc interdit de capturer, tuer ou perturber intentionnellement des castors, de détruire leurs sites de reproduction ou leurs habitats naturels, d’en détenir, d’en transporter, d’en vendre ou même d’en acheter. En cas de problème, il s’agit de contacter les agents de la Direction de la Nature et de la Forêt (DNF), seules personnes habilitées à intervenir.

En quoi est-il considéré comme nuisible ?

La cohabitation avec le castor peut faire peur pour différentes raisons.

  • La première est la lutte contre les inondations. En effet, comme le castor peut créer des barrages pour remonter le niveau d’eau, des habitations, des bâtiments ou des voiries peuvent être inondés, bien qu’ils choisissent généralement des zones éloignées des activités humaines.
  • Deuxièmement, la crainte de dégâts aux cultures, notamment les abattages d’arbres.
  • Enfin, le troisième motif est la détérioration des digues des cours d’eau, des canaux ou des étangs.

Quels sont les risques chez nous ?

Sur les territoires de nos Contrats de rivière, les risques sont limités. En effet, les plans d’eau, étangs et zones humides sont assez nombreux. Au vu des premiers individus qui se sont installés, il apparait que le castor préfère les étangs et les plans d’eau aux rivières. Il fera son nid plutôt dans les berges, réutilisant éventuellement des terriers de rats musqués. Ainsi, aucun barrage sur des cours d’eau, ni aucune hutte, n’a encore été signalé. Le risque d’inondation est donc assez faible en l’état actuel.

On pourrait croire que le castor crée une problématique au niveau de la stabilité des berges, mais malheureusement, c’est déjà un état de fait dû à la très grande présence du rat musqué.

Reste enfin, le dégât aux cultures et aux arbres. Le castor peut consommer des céréales ou des betteraves, mais la littérature fait état d’une incidence très limitée et localisée en bordure de son territoire. Il n’y a ps encore assez de recul par rapport à la populiculture, mais il est avéré que la protection des arbres avec du « grillage à poules » sur une hauteur d’un mètre est très efficace. Et comme le castor ne s’éloigne que peu du plan d’eau, seuls les arbres dans les dix premiers mètres sont concernés par ces protections.

Un guide très complet a été édité par la Région wallonne (voir en description ou sur les sites web des Contrats de rivière Escaut-Lys, Dendre ou Haine).

Il arrive dans la région

Le castor arrive dans nos régions et c’est une bonne nouvelle pour la biodiversité étant donné que les risques sont limités. Mais on peut se demander pourquoi il n’arrive que maintenant étant donné que nos contrées ne sont pas devenues plus particulièrement accueillantes depuis ces dernières années. Il faut savoir que le castor est un animal territorial. qui vit dans une zone bien définie, en famille. C’est-à-dire, un mâle, une femelle, des jeunes nés durant l’année précédente, les subadultes, et les jeunes nés durant l’année en cours. On arrive donc à des familles de 4 à 6 individus.

D’où vient-il ?

Les subadultes, en bons Tanguy, sont chassés par les parents quand ils atteignent l’âge de deux ans pour partir à la conquête de nouveaux territoires. Pour l’Escaut et la Dendre, les nouvelles populations viennent de Flandre. Les fleuves, les grandes rivières et les canaux servent donc d’autoroute, ou plutôt de corridor écologique,  pour leurs déplacements.

Va-t-il s’installer ?

Il est plus qu’évident que sa présence va se généraliser dans les années à venir. Pour l’instant, les jeunes à la recherche de territoire ont encore bien du choix à ce niveau mais, au fur et à mesure des reproductions, de plus en plus de milieux seront colonisés, et même parfois à des endroits qu’on n’aurait pas imaginés. Ils vont remonter les affluents de l’Escaut pour voir s’ils sont intéressant et visiter des étangs…

Que faire si on voit une trace ?

Si vous voyez une trace de sa présence, vous pouvez en avertir votre Contrat de rivière, Escaut-Lys, Dendre ou Haine. Les Contrats de rivière sont, en effet, des structures chargées de suivre son extension. Vous trouverez les contacts en description. Le lien est ainsi fait entre les différents acteurs concernés. Les Agents DNF (Direction Nature et Forêt), quant à eux, restent les personnes référentes en cas de problèmes ou de besoin d’intervention.

Conclusion

En conclusion, on peut donc se réjouir du retour d’une espèce assez emblématique dans nos contrées. Pour l’instant, les désagréments liés à sa présence semblent assez limités, comme expliqué. plus haut. Ce qui est sûr, c’est que son installation est tenue à l’œil et que si des problèmes risquaient de se poser, les différents acteurs seraient rassemblés autour de la table pour trouver des solutions.

La plupart des informations présentées ici sont tirées de la publication de la région Wallonne « Cohabiter avec le Castor en Wallonie… » rédigée par Catherine Barvaux, Benoît Manet et Sandrine liégeois. On vous conseille de jeter un œil à ce guide, via le lien en description.